L’usage qu’on fait de son PC : un nouvel indicateur de stress
Selon la mathématicienne Mara Nagelin, la façon dont on se sert d’un ordinateur est un bien meilleur indicateur de stress que le rythme cardiaque. Elle affirme que la manière dont on utilise un clavier et une souris en dit long sur notre état de santé mentale dans un environnement professionnel. C’est du moins ce qu’elle a pu conclure d’une étude qu’elle a menée avec des chercheurs de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich (ETHZ).
Ensemble, ils ont sondé en laboratoire 90 participants. Ces derniers devaient réaliser des tâches bureautiques se rapprochant de la réalité telles que la prise de rendez-vous, l'enregistrement ou l'analyse de données. Comme base d’étude, ils ont observé la façon dont ceux-ci manipulaient la souris et le clavier de leur PC ainsi que leur fréquence cardiaque. Ils leur ont également fréquemment demandé leur niveau de stress suivant leur perception personnelle.

Les chercheurs de l’étude ont découvert que les personnes stressées manipulent leur souris différemment des personnes relaxes - Photographie SeventyFour / Getty Images©
Ordinateur : une utilisation qui reflète ses états d’âme ?
Une partie des participants eurent le privilège de vaquer à leurs occupations sans être interrompus. Le reste devait travailler tout en recevant régulièrement des messages de chat, en plus des emails professionnels harassants. Ils étaient aussi conviés à prendre part à un entretien d’embauche.
Dès lors, les chercheurs remarquèrent que les sujets stressés avaient tendance à taper sur leur ordinateur et à bouger leur souris différemment des personnes « zen ». C’est le premier indicateur de stress identifié par le groupe de scientifiques. Mme Nagelin précise que les gens stressés bougent leur souris fréquemment et frénétiquement, avec peu de précisions tout en couvrant de longues distances avec le curseur à l’écran. Les chercheurs ont aussi constaté que ces sujets faisaient plus d’erreurs quand ils pianotent sur leur clavier. Ils font de nombreuses pauses et écrivent par à-coups contrairement aux personnes déstressées.
Clavier et souris : quel lien avec le fonctionnement psychique ?
Dès lors, comment expliquer le fait que la manipulation du clavier et de la souris soit un indicateur de stress ? Selon l’étude, cela peut renvoyer à la théorie du « bruit neuromoteur ».
La psychologue et co-auteure Jasmine Kerr souligne que l’augmentation du niveau d’anxiété altère la capacité du cerveau à traiter les informations. Intrinsèquement, cela a aussi un impact négatif sur les capacités motrices. En général, les personnes sous pression ne se rendent pas compte que leurs facultés mentales et physiques s’amenuisent progressivement. C’est au point du non-retour qu’elles ont tendance à comprendre ce qui se passe, mais à ce stade, c’est trop tard.
En ce sens, les chercheurs de l’étude alertent sur la nécessité de déployer des moyens de mesure fiable afin d’identifier les personnes fortement stressées. Ils enchérissent avec le fait qu’un employé sur trois travaille en étant hautement stressé en Suisse.
Le rythme cardiaque : une autre mesure prise en compte
Les auteurs de cette étude ont assuré qu'ils voulaient aider les travailleurs stressés à appréhender rapidement leur situation. Leur objectif est de fournir un indicateur de stress simple, fiable et personnel plutôt que de proposer un outil de surveillance aux entreprises.
C’est pour cette raison qu’ils ont poussé le bouchon plus loin. Ils ont en outre développé une application qui emmagasine les données d'employés suisses. Celle-ci enregistre notamment leur utilisation de la souris et du clavier, ainsi que leur rythme cardiaque pendant leur travail. Les résultats de cette tout autre expérience devraient être disponibles d'ici la fin de l'année.
Ne pas attendre que le verre soit plein !
Il existe plusieurs stratégies évitant d'être trop stressé au travail et écartant tout risque de burnout professionnel.
Tout d'abord, il faut se définir des priorités et organiser son temps de travail de manière efficace pour éviter d'être submergé par les tâches à accomplir. On pensera aussi à prendre régulièrement des pauses, à s'hydrater, à manger sainement et à faire de l'exercice physique. C’est sans oublier l’importance de communiquer avec ses collègues et son supérieur hiérarchique afin d’éviter l'isolement et pour pouvoir demander de l'aide si nécessaire.
Enfin, la pratique de techniques de relaxation telles que la méditation, la respiration profonde ou le yoga peut aider à maintenir une meilleure santé mentale.
Au stade du burnout, que faire ?
Le burnout professionnel est un syndrome qui se manifeste par un épuisement émotionnel, une dépersonnalisation et une diminution de la performance professionnelle.
Les signes de burnout peuvent varier d'une personne à l'autre, mais certains symptômes courants incluent une fatigue persistante, une perte de motivation, un sentiment de cynisme ou de détachement par rapport au travail, une diminution de la satisfaction professionnelle et une tendance à se retirer des relations sociales et professionnelles. Les personnes atteintes de burnout souffrent éventuellement de troubles du sommeil, d'anxiété, de dépression et de problèmes de santé physique tels que des maux de tête, des douleurs musculaires ou des troubles gastro-intestinaux.
Si vous pensez être victime du syndrome d’épuisement professionnel, il est important de consulter un professionnel de la santé mentale pour obtenir un diagnostic et un traitement appropriés.
Avec ETX Daily Up