Les nations de l’Union Européenne sont parvenues à un accord vendredi soir pour financer un projet ambitieux d’un système de positionnement par satellite pour rivaliser avec le Global Positioning System américain (GPS), en utilisant l’argent non utilisé par le budget de l’Union Européenne, d’après un porte-parole de la présidence.
Galileo est le nom du futur système de positionnement par satellite européen, en test depuis 2004, qui commencera à être utilisable en 2010 et le sera pleinement en 2012. Ce système de positionnement par satellite est destiné à supprimer la dépendance de l'Europe vis-à-vis du système américain, le GPS (Global Positioning System).
Cette indépendance est importante, car le GPS souffre de nombreuses restrictions sur la précision du positionnement (de l'ordre de 20 mètres pour le signal gratuit), sur la fiabilité ou sa continuité (le positionnement peut être impossible dans certaines zones du globe et/ou à certains moments, pour des raisons techniques ou/et politiques).
Le porte-parole portugais a déclaré que les ministres du budget de l’Union Européenne avaient accepté de financer un trou de 2,4 milliards d’euros dans le budget du système Galileo en redistribuant l’argent non utilisé pour les subventions agricoles et les projets de compétitivité.
« Nous avons un accord. Tout l’argent est pris dans les fonds non dépensés, surtout ceux de l’agriculture » a-t-il indiqué.
Un diplomate de l’Union Européenne a déclaré que l’Allemagne, le plus grand contributeur net aux caisses de l’Union Européenne, avait voté contre l’accord mais avait été minoritaire.
Le porte-parole de la présidence a confirmé que la décision n’était pas unanime mais a refusé de dévoiler qui avait voté contre.
L’accord intervient après la proposition de la Commission Européenne de re-diviser les frais pour le projet Galileo, afin d’essayer de satisfaire les demandes de l’Allemagne, qui souhaiterait qu’aucune entreprise aérospatiale ne domine ou contrôle le projet.
La Commission Européenne a avertit du fait que si d’ici la fin de l’année aucun accord parmi les états membres n’était trouvé à propos du financement public du projet, cela nuirait au prestige de ce projet industriel.
Les supporters du projet Galileo disent qu’il s’agit d’une plate forme technologique d’importance vitale pour l’Europe, mais selon les critiques, elle pourrait être un éléphant blanc très coûteux, parce que le système américain a déjà une position de domination sur le marché, et que la Russie et la Chine travaillent également sur leur propre système.
Berlin a voté contre l’utilisation de l’argent non dépensé des fonds de l’Union Européenne en partie parce qu’elle craint que les entreprises allemandes soient exclues des travaux prévus dans le cadre du projet initial de financement. De plus, selon elle, les fonds non utilisés auraient du être reversés équitablement aux états membres s’ils n’étaient pas utilisés pour financer Galileo.
Pour apaiser l’Allemagne, les diplomates ont déclaré que les leaders de l’Union Européenne pouvaient publier une déclaration le mois prochain en demandant que l’utilisation des fonds non dépensés pour Galileo restent une exception.
Le coût total du projet Galileo –3,4 milliards d’euros- sera tiré des fonds publics, étant donné que les compagnies privées ont refusé de financer un tel projet.
La Commission a proposé la re-division des frais pour Galileo en six segments et a mis au défi toute compagnie voulant être le premier signataire pour plus de deux d’entre eux.
« Pour le moment, aucun état membre n’a montré d’opposition, donc nous sommes convaincus qu’une solution peut être trouvée à l’intérieur de ce cadre de travail » a déclaré Michele Cercone, porte-parole du Commissaire aux Transports de l’Union Européenne, Jacques Barrot, lors d’une conférence de presse.
Il a indiqué que la Commission avait pour but de parvenir à un accord final lors du meeting des ministres des transports de l’Union Européenne le 29 novembre.
A Berlin, un porte-parole du Ministre des Transports de l’Allemagne a bien accueilli la proposition de la Commission, en disant qu’elle sécuriserait la compétition et pourrait conduire à des bénéfices pour les compagnies allemandes.
« Si une telle proposition fait son chemin et que le financement est assuré, cela offrira un bénéfice décisif pour l’industrie aérospatiale allemande » a-t-il déclaré.
Une source proche de Jacques Barrot a indiqué que les segments du projet pourraient comprendre les satellites, les lanceurs, l’infrastructure au sol, le contrôle, le système logiciel et d’autres tâches.
Le consortium d’entreprises en charge du projet regroupe les compagnies EADS, France’s Thales et Alcatel-Lucent.